Bruxelles, le 9 Février 2006
Cette excellente chronique du Monde est une parfaite piqure de rappel dans la confusion d'esprit et les amalgames mystificateurs qui entourent ce débat sur les caricatures: > Extrait:
L'Europe a défini sa doctrine dans deux grands textes : la convention européenne des droits de l'homme, établie par le Conseil de l'Europe en 1950, et la Charte des droits fondamentaux de l'Union, adoptée en 2000 puis insérée dans le projet de Constitution européenne. Ces documents proclament le "droit à la liberté d'expression", mais affirment que son exercice comporte "des devoirs et des responsabilités" qui justifient d'éventuelles restrictions, notamment pour assurer "la protection de la réputation ou des droits d'autrui".
Les Vingt-Cinq, après en avoir longuement débattu, n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur une décision-cadre relative à la lutte contre le racisme et la xénophobie, qui aurait permis de préciser les limites du droit à la liberté d'expression. Mais nul ne conteste que celui-ci ne saurait être absolu. Amnesty International souligne, dans une déclaration publiée le 6 février, que toute forme de soutien à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l'hostilité ou à la violence ne peut être considérée comme un exercice légitime de la liberté d'expression.
La justice dira, là où elle sera saisie, si la représentation du Prophète portant un turban en forme de bombe tombe sous le coup de la loi. Mais le commissaire européen à la justice, la liberté et la sécurité, Franco Frattini, a eu raison de rappeler, au nom de la Commission, que "la confrontation entre opinions différentes, même âpre et irrévérencieuse", nourrit "la polémique politique libre", et que cette pratique "remplace les armes et la violence par les idées et les mots".
Les manifestants en colère qui mettent le feu aux ambassades et brandissent des menaces de mort ne l'entendent pas ainsi. Ils ont choisi de répondre par des actes de brutalité aux attaques portées par voie de presse contre leur religion. Une fois de plus, ils ont perdu l'occasion de montrer que l'islam peut coexister avec la démocratie. Déléguée générale de la Palestine auprès de l'Union européenne, Leïla Shahid regrette l'incapacité du monde musulman à "délégitimer Ben Laden". L'Europe, a-t-elle dit le 7 février à Bruxelles, doit l'aider à substituer la "contagion de la démocratie" à celle de la violence."
THOMAS FERENCZI
Article paru dans l'édition du 10.02.06 Le Monde
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