Monday, February 27, 2006

Education en terre d'Islam

Bruxelles, le 27 Février 2006

Le Monde nous apprend aujourd'hui, sous la plume de Jean-Pierre Langellier qu'une conférence a réuni à Kuala Lumpur " une cinquantaine de dirigeants politiques, chercheurs, diplomates, responsables d'associations et quelques journalistes", leurs déclarations sont aussi importantes qu'inhabituelles.
"Un mot est revenu sans cesse dans ces débats : l'éducation. Elle seule permet de démêler les faits et les mythes, les réalités et les fantasmes. Pour réduire la fracture entre islam et Occident, le premier ministre malaisien, Abdullah Ahmad Badawi, croit aux vertus d'"une recherche vigoureuse de la connaissance". Chef d'une République à majorité musulmane, dans une société multiethnique, il tient cette quête du savoir pour l'une des clés du renouveau qu'il juge indispensable en terre d'islam.
Education bien ordonnée commence par soi-même, souligne Usman Bugaje, président de la commission des affaires étrangères du Parlement nigérian. Cet universitaire déplore que les peuples musulmans connaissent de moins en moins bien leur propre religion, sans parler de celle des autres : "Inutile de remonter à l'Andalousie arabe pour constater que l'éducation est de plus en plus rétrécie, souligne-t-il. Nous devons revitaliser les programmes, renouer avec notre grande tradition intellectuelle !"
C'est également l'avis de Mohammed Arkoun, historien de la pensée musulmane. "Nous avons besoin avant tout, constate-t-il, d'une véritable politique d'éducation et d'une recherche scientifique ambitieuse. Les travaux des experts n'alimentent que des débats d'initiés sans écho dans les médias ni dans le grand public." Pour Mohamed Charfi, ancien ministre tunisien de l'éducation (1989-1994), cette dernière représente, avec la liberté, l'égalité hommes femmes et la bonne gouvernance, l'un des quatre domaines où le monde musulman doit accomplir des progrès décisifs.
Celui qui présida aussi, dans son pays, la Ligue des droits de l'homme connaît bien son sujet. Il eut la charge de porter un coup d'arrêt à l'islamisation, qui, à la fin du règne d'Habib Bourguiba, avait contaminé le système d'enseignement, par le truchement des manuels scolaires. "L'éducation doit être modernisée, résume-t-il. Elle doit ouvrir les esprits, apprendre à réfléchir, éveiller le sens critique. La connaissance d'autrui et de ses systèmes de pensée est un moyen essentiel d'enrichissement de soi."
L'universitaire pakistanais Imran Ali brosse un tableau "alarmant" de la science et de la technologie sur les campus musulmans. Seules la Malaisie et la Turquie peuvent prétendre figurer dans le "top 500" des meilleures universités du monde. Les autres végètent, selon lui, sur "le versant obscur" de la mondialisation. Et, pourtant, un transfert de savoir et de technologie s'opère entre l'Occident et l'Orient. "Mais il profite directement à l'Extrême-Orient et passe devant le nez du monde musulman", observe Timothy Garton Ash, professeur au St Antony's College d'Oxford.
Ouvrir les yeux sur soi et sur l'Occident suppose que le monde musulman cesse de se poser en perpétuelle victime. "C'est toujours la faute de l'autre, note Mohamed Charfi : le colonisateur, l'impérialisme, le système financier international, le FMI, la Banque mondiale. Quand amorcera-t-on l'autocritique qui permettra un diagnostic lucide de nos échecs ?" Mohamed Arkoun regrette que, depuis les croisades, l'islam ne retienne de ses contacts avec l'Occident que les souvenirs douloureux, et n'ait pas su tirer à son profit les leçons de la raison et des Lumières."


Beaucoup trop de choses à dire sur le sujet, mais force est de constater que pas mal de pays producteurs de pétrole n'ont pas usilisé leurs ressources pour investir dans l'éducation et la recherche.
Alors que dans le monde, les exemples abondent de pays pauvres qui ont tout misé sur l"éducation et en récoltent les dividendes aujourd'hui.

1 comment:

  1. Pour revenir sur le commentaire final: il est exact que nombre de pays musulmans, producteurs de pétrole, n'ont pas développé de système éducatif de qualité chez eux.
    Certains ont utlisé une partie de leurs immenses resources pour envoyer une infime élite étudié dans les meilleures universités occidentales et japonaises, laissant ainsi le bon peuple dans un dénuement intellectuel inouï.
    Jean Labrique

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